Une série de Hiboux Moyen-Ducs au centre de soins

L’année 2016 ne fait que commencer mais elle nous apporte déjà son lot de surprises.

Après une première »frayeur » lors des tempêtes et des nombreux échouages d’oiseaux marins, ce sont trois individus d’une même espèce de rapaces nocturnes qui sont arrivés coup par coup : le Hibou Moyen-Duc.

DSC_4890--logotise

 

Normalement, c’est plus ou moins le nombre de moyens-ducs que nous accueillons durant une année complète… une vraie surprise pour nous.

Un premier individu mystérieux –

Il aura retenu notre attention : c’est une histoire à l’envers qui débute par la fin et durant laquelle on découvre les événements au fur et à mesure…

Voici son histoire :

Cet oiseau est arrivé au centre le 25 janvier, provenant d’une clinique vétérinaire « partenaire » (nous mettons là des guillemets car cela sous entend que l’on travaille ensemble). Il est faible,  montre une très faible réaction des pupilles, mais ne présente aucune blessure apparente mis à part une faiblesse au niveau de l’aile droite. Il reste quelques jours en observation, au chaud, sous traitement neurologique pour accélérer sa réaction oculaire, puis rejoint rapidement une volière extérieure pour  reprendre des forces et se rééduquer au vol.

Néanmoins sa cause d’accueil nous interpelle. Nous soupçonnons qu’il ait été soufflé par une voiture car nous savons qu’il a été trouvé au bord d’une route. Mais aucune information complémentaire n’est notée sur sa feuille de suivi faite chez notre « partenaire ».

Une dizaine de jours s’écoulent et ce moyen duc est fin prêt pour retrouver sa liberté. Le soigneur envisage plusieurs dates et voilà que nous recevons un appel. Quelle coïncidence! C’est la découvreuse de l’oiseau! Nous pensions qu’elle serait heureuse de savoir que nous nous apprêtons à relâcher son protégé, mais elle marque un gros blanc… Elle est très surprise, voir même déçue.

Déçue, oui : Non pas parce que nous le relâchons, mais plutôt parce qu’elle aurait voulu être prévenue et assister à ce superbe moment. Nous discutons et nous en apprenons un peu plus sur l’oiseau : il a été découvert le 17 janvier à Plaisance du Gers, soit une semaine avant d’arriver à Hegalaldia. C’est anormalement long… Que s’est-il passé durant ces sept jours ?

Voici ce que nous apprenons avec stupeur : la découvreuse a contacté quatre cliniques vétérinaires qui n’ont pas voulu accueillir l’animal à cause de la grippe aviaire, sans lui dire quoi faire avec l’oiseau. Cette dame va finalement entendre parler d’une clinique vétérinaire qui se dit « spécialiste » des rapaces.

Rappelons que les seuls organismes spécialisés dans le soin à la faune sauvage (dont les rapaces) sont les centres de sauvegardes tels que Hegalaldia : plus d’informations ici.

Une des cliniques lui aura tout de même conseillé de le mettre dans un carton et de le laisser au calme sans le nourrir ni lui donner à boire. C’est ce que nous préconisons également. Or, la dame n’a pas écouté ces conseils et l’a placé dans un clapier à lapin en le nourrissant tout d’abord avec des souris. Ensuite, pensant bien faire, le mari est allé chasser à la carabine des merles et des tourterelles pour nourrir l’animal.

Nous en profitons pour rappeler que les merles et les tourterelles, bien que considérées comme des espèces chassables durant une certaine partie de l’année, ne peuvent pas être chassés à proximité des habitations !

Après avoir raccroché avec la dame, nous prenons illico rendez-vous avec notre vétérinaire partenaire (une vraie partenaire cette fois !) pour une radio car il faut savoir si l’oiseau à ingéré du plomb.

Le plomb est un métal lourd qui dans le corps provoque une intoxication appelée « le saturnisme ». Celle-ci se manifeste par une forte perte de plumes dût à une chute de calcium et entraîne progressivement  la mort de l’hôte.

L’oiseau va donc devoir rester plus de temps que prévu en observation au centre. Nous devons nous assurer qu’il n’est pas intoxiqué…

Radio faite, nous voilà rassuré, le Hibou Moyen-Duc va pouvoir reprendre ses airs en toute légèreté. Sa majesté aura laissé quelques souvenirs aux mains de  la soigneuse qui a voulu le parfaire avec une bague muséum, mais ce bijoux ne devait pas être au gout de sa majesté ;-)

Son envol fut bref mais majestueux.

Une fin moins heureuse pour les autres individus –

Concernant les deux autres individus, l’histoire ne se finit pas aussi bien.

Le premier s’est accroché à du fil barbelé, ce qui lui a arraché toute la peau d’une aile. Notre équipe de soigneurs à tenté dès l’arrivée de recoudre la plaie. Tâche très difficile car plusieurs plumes pendaient avec le bout de peau coupé. Nous avons donc tenté de rapprocher seulement les peaux avec du fil afin que la cicatrisation se fasse seule et immobiliser l’aile le temps de celle-ci. Il fallait réinstaller les plumes de façon à ce qu’elles soient à leur emplacement initial pour que l’animal puisse un jour voler s’il survivait… Au bout de quelques jours d’essais la cicatrisation ne se fit pas et la plaie commença à s’infecter de plus belle. Afin d’éviter plus de souffrances et ne voyant pas d’évolution nous avons été obligé d’euthanasier l’animal.

DSC_3246

Le second ne se portait pas mieux. Il présentait une fracture ouverte avec une nécrose osseuse qui n’était pas récupérable. Pour information, cet oiseau provenait aussi d’une clinique vétérinaire, dite « spécialiste » des rapaces. Le trajet et le temps de souffrance que celui-ci a engendré aurait pu être abrégé plus tôt…

Un début d’année qui semble compliqué pour cette espèce. Espérons que cette série noire se termine rapidement…