Depuis quelques années, les tortues ont fait leurs grandes apparitions dans les jardins des Français ! Très facile à acquérir dans les animaleries en toute légalité depuis quelque temps, la législation en règlemente dorénavant le commerce et la détention. En effet, une tortue peut vivre longtemps et prendre un poids conséquent. Mal conseillés, les propriétaires ont donc relâché massivement de nombreuses espèces de tortues à l’état sauvage, ne pensant pas à l’impact sur le biotope local. Les tortues aquatiques ont particulièrement impacté les milieux (étangs, rivières…). C’est pour cela que nous allons vous présenter les différentes espèces de tortues que vous pouvez potentiellement croiser et le comportement à adopter.

La tortue d’Hermann

À l’état sauvage, l’unique tortue de terre que l’on peut trouver est la Tortue d’Hermann. On peut ainsi trouver des populations dans le Sud de la France, plus précisément dans le Var et en Corse. Les populations varoises sont actuellement en voie d’extinction (fragmentation de l’habitat, incendie, etc…), des opérations de protection en région PACA sont mises en place depuis quelques années.

Elle peut vivre jusqu’à environ 40 ans dans son milieu naturel mais en captivité, elle peut vivre jusqu’à 60 ans et plus. Concernant sa corpulence, elle pèse en général de 700g à 1kg, plus pour les femelles et mesure environ 20 cm à l’âge adulte. C’est une tortue herbivore, qui hiberne de la mi-novembre jusqu’à la mi-mars. Elle est sédentaire et très fidèle à son lieu de vie (domaine d’un ou plusieurs hectares). On la reconnaît grâce à sa griffe au bout de la queue, les deux bandes noires sur son plastron et sa carapace jaune-orange et noire.

Les dangers pour la Tortue d’Hermann sont nombreux. Tout d’abord, les mustélidés qui sont particulièrement friands des tortues. À cela, on rajoute les dérangements et destructions occasionnés par l’homme, directement ou indirectement. Par exemple les attaques des chiens, ou la dégradation de son milieu de vie (pollution, déforestation…)

La détention est donc fortement réglementée. La vente, l’achat et le dérangement de tortues issues de populations naturelles sont totalement interdits. Selon les arrêtés, la détention pour un particulier est soumise à une autorisation préfectorale pour des individus nés en captivité : jusqu’à 6 tortues : simple autorisation préfectorale. Pour plus de 6 individus : un certificat de capacité et une autorisation d’ouverture sont requis. Pour tout individu adulte, il faut également faire un marquage électronique chez un vétérinaire.

Cistude d’Europe

Contrairement à la Tortue d’Hermann, la cistude est une tortue d’eau douce. On la retrouve un peu partout sur le territoire Français, même si on remarque une baisse des populations ces dernières années. Un peu plus petite que la Hermann, celle-ci mesure en moyenne 16 cm pour les mâles et 20 cm pour les femelles.  Pour le poids, les mâles pèsent 600 grammes et les femelles peuvent atteindre le double ! Sa durée de vie est de plusieurs dizaines d’années en milieu naturel, et beaucoup plus en captivité.

Elle se nourrit de charognes et de petits crustacés et participe ainsi à l’équilibre des eaux humides.

Les dangers pour elles sont similaires à la Tortue d’Hermann ! Perte de son habitat, certaines techniques de pêches, la pollution… les petits sont particulièrement vulnérables en vue de leurs petites tailles et de leurs carapaces molles. Les promeneurs prélèvent régulièrement cette tortue, par simple plaisir pour la ramener chez soi ou bien en pensant la sauver. C’est un comportement à proscrire ! Il est préférable de contacter une association ou un spécialiste pour des conseils. La femelle quitte le milieu aquatique lors de la période de ponte pour aller sur la terre ferme. Si on la voit traverser la route, il ne faut surtout pas la ramasser, mais plutôt lui laisser le temps de traverser en toute sécurité pour qu’elle aille enfouir ses œufs. Le stress et le ramassage pourraient lui faire perdre ses petits.

Le dérangement, le déplacement et la détention d’une cistude est totalement interdit. Il faut être possesseur d’un certificat de capacité pour sa détention.

On reconnaît la Cistude d’Europe grâce à ses petites taches jaunes sur la tête, le cou, les pattes et la queue. Sa carapace est de couleur verte olive à noir, avec souvent des petits points ou stries.

Tortue de Floride

Elle ressemble beaucoup à la cistude. Contrairement à elle, des petits traits jaunes remplacent les points. La Tortue de Floride est exotique, elle occasionne donc des dégâts sur les milieux aquatiques, et concurrence directement la Cistude d’Europe : comme avec les sites d’expositions au soleil par exemple. Elle est très vorace et détruit la petite faune et la flore, et on peut la retrouver sur la totalité des régions de France. Il ne faut donc surtout pas relâcher des tortues de Floride dans les milieux naturels. Depuis quelques années, on peut l’observer sur la plupart des points d’eau.

La vente des Tortues de Floride est désormais interdit, et sa détention règlementée. L’espèce est aujourd’hui classée comme invasive sur le territoire.

L’Émyde lépreuse

On peut la retrouver de la Gironde aux Pyrénées-Atlantiques et des Pyrénées-Orientales au Gard. C’est un des reptiles les plus menacés en France.

Elle est de taille moyenne, entre 13 et 25 cm, en fonction du milieu. Elle pèse environ 1,2kg. Son cou et ses joues peuvent être rayés de lignes claires jaunes. Juvénile, elle possède des reflets ocre sur la carapace.

Elle peut vivre 50 ans et plus en captivité ! Omnivore, elle se nourrit donc de végétaux mais aussi des petits poissons, insectes, amphibiens etc… comme la cistude, elle pond les œufs directement à terre à proximité de l’eau. Il est possible de l’apercevoir aux beaux jours sur la terre ferme. Il ne faut surtout pas la ramasser, sauf si elle est en face d’un danger imminent.

La population est en constante régression, l’espèce est donc classée comme vulnérable à l’état sauvage. Pour elle aussi, un certificat de capacité est nécessaire pour la détention. Le dérangement, déplacement est également interdit.

On trouve majoritairement ces 4 espèces sur le territoire national. En vue de l’augmentation du marché noir d’animaux sauvages, on peut être amené à découvrir des espèces de tortues relativement différentes, et pas forcément dans un milieu qui est favorable pour elles ! Les agents de l’OFB ont déjà eu à récupérer une Tortue alligator (voir photo ci-après) dans les Alpes-Maritimes ou même une Tortue serpentine dans le canal du Midi. Il faut donc être très prudent, peu importe l’espèce.

La Tortue grecque (voir photo ci-après) peut également être aperçue et confondue avec la Hermann. À l’état sauvage, on la retrouve dans le Sud-Est de l’Europe et en Afrique du Nord. C’est une tortue de terre, qui mesure en moyenne 20 cm pour les mâles et peut mesurer jusqu’à 30 cm pour une femelle, et peser quelques kilos. On peut la trouver chez des éleveurs, animaleries. Comme pour la Hermann, un certificat de capacité est nécessaire pour la détention de plus de 6 tortues. Le fait qu’elle devienne imposante à l’âge adulte est malheureusement une des raisons de son abandon dans la nature.

Si l’on trouve une tortue qui semble en mauvaise santé ou à proximité d’un danger imminent, la meilleure chose à faire est de contacter directement un centre ou une association de professionnels qui pourront vous aider et vous conseillez. Une tortue est très fragile, peu importe l’espèce. Le fait de la ramasser, de la manipuler peut causer sa mort et celle de ses petits. On peut également se mettre en danger, il vaut mieux prévenir que guérir !

Si l’on est propriétaire d’une tortue et que l’on souhaite s’en séparer, il ne faut surtout pas la relâcher directement dans la nature. La meilleure chose à faire est de contacter des professionnels qui pourront vous conseiller sur la marche à suivre pour s’en séparer.