Balbuzard pêcheur en vol

On y est, c’est le moment pour les oiseaux migrateurs de se préparer pour leur grand voyage. Ceux-ci ont pu profiter du printemps et de l’été pour élever leurs jeunes, ainsi que des jours longs avec une température agréable de la saison estivale. C’est désormais un grand périple de quelques milliers de kilomètres pour certains qui les attend. La majorité va rejoindre la chaleur des pays du « Sud » pour y passer l’hiver et d’autres vont arriver chez nous !

Le grand départ de la migration

C’est en automne que la plupart des oiseaux migrateurs nichant en Europe s’en vont !  Ceux-ci ont en quelque sorte une horloge interne qui leur dit quand partir. C’est en fait une hormone, la mélatonine qui en augmentant, déclenche le départ. Pour la majorité des espèces, le moment du départ sonne lorsque leur habitat n’est plus assez riche en nourriture, que le climat devient trop rigoureux et/ou que la durée du jour par rapport à celle de la nuit diminue.

Il est important de savoir que tous les oiseaux ne sont pas migrateurs. En effet, certains sont sédentaires et d’autres migrent partiellement. Le Moineau domestique par exemple, trouve de la nourriture dans nos villes et villages en abondance, donc pour lui, la migration devient inutile, il est donc très sédentarisé. A l’inverse, le Balbuzard pêcheur va mettre 40 jours pour atteindre sa zone d’hivernage, c’est donc un grand migrateur !

Dans un premier temps, chaque individu devra faire des réserves qu’il va stocker en graisse et en muscle afin d’être plus vigoureux. Certains peuvent doubler leur poids! Cette période dure environ deux semaines. Aussi incroyable que cela puisse paraître, ces oiseaux ont un plan de vol dans la tête inscrit dans leurs gênes depuis des générations ! Ils choisissent leur altitude en fonction de la météo, volent en fonction du vent et de la température. Sachez aussi qu’ils ont une sorte de boussole interne qui leur permet de s’orienter !

Pour la Huppe fasciée, le départ en migration post-nuptiale est précoce : dès le mois d’août, des attardés pouvant être observés jusqu’en octobre.

Les retours sont à prévoir au printemps, beaucoup arrivent fin mars. Sachez tout de même que chaque individu est différent, même au sein d’une même espèce, certains arriveront plus tard que d’autres, on observe des retours jusqu’à la fin du mois de mai.

Huppe fasciée au sol

Mais où vont-ils ?

La plupart des individus quittant l’Europe pour l’hiver vont en Afrique, beaucoup au Maghreb mais certains vont jusqu’à traverser le Sahara pour rejoindre les tropiques et même l’extrême-sud ! Il existe bien évidemment de nombreuses exceptions comme le Pouillot verdâtre par exemple qui lui va en Asie. C’est une migration qui emprunte des axes complètement différents. Nous avons aussi des oiseaux qui restent en Europe. Ils descendent seulement jusqu’au sud de l’Espagne comme certaines Cigognes blanches, dont une partie de la population a été sédentarisée par maintien en captivité et suppression de l’instinct migratoire. C’est la raison pour laquelle on peut en voir l’hiver en Europe. Cette sédentarité a été favorisée par un réchauffement global du climat donnant des hivers plus doux et par l’existence de centres d’enfouissement techniques où les oiseaux trouvent une nourriture artificielle qui leur convient tant bien que mal et leur permet donc de survivre.

Sachez de plus que d’autres espèces comme certains échassiers et anatidés hivernent chez nous en France, le climat y étant doux et adapté ! Ces derniers descendent ainsi de l’Europe du Nord et de l’Est. Certains Faucons émerillons par exemple, dès octobre, vont quitter la Scandinavie et l’ouest de la Russie pour hiverner en Europe Occidentale et jusqu’au nord du Sahara.

Pour échapper à l’hiver arctique rigoureux, les Pinsons du nord quittent leur site de nidification dès que les jeunes sont émancipés.

Faucon hobereau en migration

Le grand voyage

Durant leur voyage, ils seront confrontés à de nombreux dangers, c’est d’ailleurs la période où la mortalité est la plus élevée. Le climat peut aussi être redoutable : un oiseau marin peut, durant son périple, rencontrer de nombreuses tempêtes, un passereau peut se retrouver désorienté à cause du vent… Et bien sûr le facteur humain avec les lignes électriques, la pollution, les déchets en mer, la chasse, les chiens, les chats, etc…

Un tel voyage ne s’accomplit pas sans pauses. Certains oiseaux, comme les martinets, font à peu près 100 km par jour, et d’autres ont un record de 300 km à 600 km par jour ! Naturellement ils doivent s’arrêter pour se reposer et surtout pour trouver de la nourriture. Les oiseaux qui se nourrissent d’insectes, passent plusieurs heures à leur recherche. Par mauvais temps, et surtout dans le brouillard, ils doivent s’arrêter dans un endroit quelconque quelques jours et ainsi poursuivre leur voyage pour l’Afrique tropicale, pendant plusieurs mois ! Leur séjour dans leurs quartiers d’hiver ne dure que quelques semaines, après quoi ils se préparent au voyage de retour vers leur lieu de nidification.

Les distances parcourues dans leurs migrations sont incroyables. Les Faucons hobereaux, qui volent jusqu’en Afrique du Sud, parcourent 10 000 km au printemps de même en automne pour le retour ! Grâce à l’instinct de couver, le retour vers les nids est généralement plus rapide!

Certaines espèces volent en nuées qui obscurcissent le ciel. Mais beaucoup de petits oiseaux volent individuellement, ou en petits groupes qui passent inaperçus. Certains comme les corvidés migrent de jour, d’autres comme les hirondelles, voyagent surtout de nuit. Tandis que d’autres ne marquent pas de préférence.

Parmi les oiseaux qui volent en groupe, certains affectent des formations particulières, par exemple en V ou en lignes obliques, ceux de devant brisant l’air pour ceux qui suivent, les oiseaux se relayant dans le rôle de conducteur.

Les oiseaux voyagent à des altitudes diverses, allant de 30 à 100 mètres pour la plupart des rapaces. Cela peut évidemment varier selon s’ils ont à franchir une montagne par exemple.

Grues cendrées en vol migratoire

Comment se dirigent-ils ?

Il est étonnant de voir que les oiseaux trouvent toujours leur chemin, même quand ils reviennent d’aussi loin que l’Afrique du Sud. Sachez qu’il en est de même pour leur premier voyage ! Il semblerait alors que ces oiseaux aient un sens inné de l’orientation à longue distance !

Une théorie voudrait que les oiseaux soient influencés par le champ magnétique terrestre, si bien qu’ils soient capables de distinguer les différents points de l’espace. Des expériences complexes, surtout avec les Pigeons voyageurs, n’ont pas prouvé la justesse de cette théorie. Les instruments modernes ont révélé que ce champ magnétique n’avait qu’une faible influence sur les animaux.

La dernière théorie est celle qui propose que les oiseaux volent grâce à la lumière, ou plutôt grâce à la position du soleil, de la lune et des étoiles. Cette théorie a été étayée par des expériences avec beaucoup d’oiseaux. Des étourneaux captifs placés dans une volière ronde volaient dans la même direction que s’ils migraient, étant capables de s’orienter uniquement d’après le ciel qu’ils voyaient de leur cage. Quand la position du soleil était altérée par un arrangement convenable de miroirs, les étourneaux accomplissaient les changements correspondant dans leur position. Des équipements avec radar ont également montré que beaucoup d’oiseaux migrent en accord avec la position des étoiles. Les oiseaux peuvent s’orienter d’après la position du soleil, même quand le ciel est couvert, mais pas dans un brouillard épais.

Pour repérer l’endroit où faire leur nid, et ses environs, les oiseaux trouvent leur chemin surtout par leur mémoire des accidents du terrain. Beaucoup d’oiseaux se déplacent en circuits réguliers, qui sont fixés dans leur mémoire. Les jeunes oiseaux restent d’habitude quelque temps avec leurs parents, pour apprendre ce que sont les environs du nid. Ceci, toutefois, n’explique pas complètement le mystère de l’orientation. Des oiseaux capturés près de leur nid et relâchés à plusieurs kilomètres de là retournent au site de leur nid, et ils ne peuvent pourtant pas connaître le paysage à une telle distance. Un étourneau emporté par avion à 341 km au nord de son nid y est retourné en quelques jours. Repris et emmené à 500 km au sud de son nid, il y est revenu dans l’espace de cinq jours. Il est évident donc que l’orientation à longue distance n’est pas limitée à la migration. Ce sens est aussi développé chez les oiseaux sédentaires qui restent sur leur territoire toute l’année. On admet donc que leur connaissance du paysage ne va pas plus loin que ce qu’ils peuvent en voir en une heure de vol, et que, si on les emmène plus loin, ils ne peuvent, pour revenir à leur nid, que se fier au soleil.

N’hésitez pas à observer ces nombreux oiseaux migrateurs depuis des zones dégagées comme le col d’Organdibexka, col pyrénéen français et site majeur pour l’observation des passages migratoires des rapaces diurnes, des grues, des cigognes et des Pigeons ramiers.

Cigogne blanche en vol