gypaete-barbu--fb-12000955
Photo Grégoire Trunet Photographie

Une magnifique histoire… celle du sauvetage d’une espèce rare.

9 avril 2015

Un agent de la vallée d’Aspe, du Parc national des Pyrénées, nous appelle pour nous signaler la découverte d’un Gypaète barbu : « Il est visiblement blessé à la patte gauche, il est pour le moment difficile d’accès mais les agents sont entrain de s’encorder pour aller l’attraper »
Les gardes tiendront au courant l’équipe d’Hegalaldia au fur et à mesure de l’avancée des opérations. Cela permettra au Centre de soins de préparer l’accueil de cet oiseau emblématique en danger d’extinction : toute une salle sera désinfectée et adaptée, et un protocole préparé.

gypaete-barbu--fb-12032927

Il aura fallu plus de 100 m de cordes pour atteindre l’oiseau, mais celui-ci s’échappera à plusieurs reprises. Les gardes du Parc national des Pyrénées le suivront toute la soirée sur plusieurs kilomètres pour finalement le saisir de nuit, à 23h, sur la commune de Cette-Eygun. Un point a donc était fait vers 23h30 sur l’état général de l’oiseau avec le soigneur d’Hegalaldia.

Pas de fractures, mais plusieurs blessures sont apparentes, dont deux très importantes.

A la patte gauche : au niveau du tibia et tarso-métatarse, un arrachement des tissus sur environ 15 cm de longueur sur la moitié de sa circonférence. Il y a un écoulement purulent au niveau de l’articulation, et des tissus nécrosés. Le Gypaète ne présente plus de sensibilité au niveau des doigts de cette patte, qui sont chauds et gonflés.

La deuxième patte présente plusieurs éraflures, mais celles-ci sont superficielles.

Au niveau des côtes : deux plaies avec arrachement des tissus de surface.

Au niveau de l’abdomen : deux trous superficiels, et un qui nous inquiète d’avantage : d’un diamètre de 1cm et d’une profondeur de 12 cm. Cette blessure semble avoir engendré une lésion pulmonaire, mais a l’air saine pour le moment.

gypaete-barbu--fb-11168057

Une radiographie a également révélé la présence de deux plombs. Nous ne savons pas si ceux-ci sont anciens ou récents…

gypaete-barbu--fb-11225327

Ce que nous savons, c’est que l’oiseau est atteint du saturnisme : un empoisonnement au plomb. Il perd chaque jour plusieurs plumes… Une prise de sang relève un très fort taux de plomb dans son organisme : un traitement doit être fait d’urgence pour le sauver.

Une fois le traitement administré, les plombs ont été enlevés. Une opération délicate menée par des vétérinaires partenaires, sans lesquels ce sauvetage n’aurait pas été réussi : nous ne vous remercierons jamais assez.

Un scanner en 3D aura permis aux vétérinaires de préparer au mieux cette opération délicate, car les plombs étaient situé très proches des os et des tendons.

Septembre 2015

Le temps passe… son état progresse. Ce moment tant attendu, inespéré, rêvé… approche !

Toute l’équipe d’Hegalaldia est heureuse de vous informer que le Gypaète barbu, soigné depuis plusieurs mois sur le Centre de soin, va enfin pouvoir retrouver sa liberté dans les prochaines semaines.

Dur de faire court pour expliquer les longs mois de soins qu’a nécessité cet oiseau emblématique des Pyrénées. Entre les centaines de pansements, les opérations chirurgicales, prises de sang, les dizaines de réhydratations en sous cutanée et heures de massage, les couteaux massacrés pendant la préparation de nourriture… Nos nuits blanches, nos soucis et angoisses, nos larmes, des rencontres… Bref, beaucoup d’émotions très fortes pour toute l’équipe.

Alors, où en sommes nous ?

La patte qui a été très abîmée par un câble électrique est de nouveau opérationnelle à 100%. En effet, les tendons qui avaient été sectionnés ont retrouvé toute leur souplesse. Les chairs sont parfaitement cicatrisées, les plumes ont bien repoussé et sa masse musculaire est revenue.

Les multiples perforations abdominales et pectorales dûes à la chute de l’oiseau sur des branchages sont toutes cicatrisées.

Les deux plombs qui se situaient dans l’aile et la patte ont été retirés. Cela a nécessité plusieurs radios, des échographies ainsi qu’un scanner, afin de bien localiser les plombs avant de réaliser ces deux opérations extrêmement délicates. Travail impeccablement réalisé, non sans stress mais avec brio et professionnalisme par nos vétérinaires partenaires. Un immense merci à eux !

Le Gypaète est un oiseau très sensible au saturnisme (empoisonnement au plomb dans le sang). Ainsi, les deux plombs présents ont eu pour effet de faire tomber une cinquantaine de plumes… sans pour autant, bien sûr, lui enlever de sa prestance
émoticône wink

Nous l’avons traité pour enrayer cette intoxication : chose très délicate puisque aucun protocole français n’existe à ce jour pour soigner un Gypaète intoxiqué au plomb.

Après plusieurs prises de sang et analyses, nous avons constaté que le taux de saturnisme était en baisse depuis le traitement et l’ablation des plombs. Nous attendons maintenant le dernier résultat sanguin afin de vérifier si le taux rentre finalement dans les normes, pour qu’il puisse enfin retrouver ses montagnes, sa compagne… sa vie sauvage !

A ce jour, l’oiseau finit sa convalescence dans la volière de 50 mètres : toutes ses plumes ont repoussé et son moral est au beau fixe.

Nous nous donnons encore une semaine pour affiner les derniers détails : la date de relâcher, l’équipement à prévoir,… Au regard de l’importance de chaque individu dans la sauvegarde de cette espèce, nous avons déposé une demande pour l’équiper d’une balise satellite. Nous attendons la réponse.

Nous remercierons toutes les personnes qui nous ont soutenus et aidés dans le sauvetage de cet oiseau, mais nos remerciements seront formulés lorsque nous vous inviterons à sa remise en liberté : question de superstition peut-être…

gypaete-barbu--fb-11057806

L’équipe d’Hegalaldia a effectuée 10h de route pour aller chercher la balise qui servira à suivre Jacques, afin de suivre ses mouvements avec précision une fois la liberté retrouvée.

gypaete-barbu--fb-12000927

gypaete-barbu--fb-11223669

gypaete-barbu--fb-12030344

gypaete-barbu--fb-11221806

gypaete-barbu--fb-12029576
Photo Grégoire Trunet Photographie