Serions-nous juste là pour faire beau dans le paysage ? 🤔
Nous sommes soigneurs et soigneuses faune sauvage. Mais, nous sommes aussi des naturalistes, des urgentistes, des analystes, en bref des professionnels du sanitaire et de la biologie des espèces. Certaines personnes ne prennent pas au sérieux les centres de sauvegarde de la faune sauvage.
Notre but étant seulement de prévenir ainsi que d’informer.
Nous n’accueillons plus d’oiseaux marins à Hegalaldia. Cette décision aurait dû être prise il y a déjà quelques semaines, en vue de l’évolution de la situation sanitaire ces derniers temps.
Alors il est nécessaire de vous donner un petit explicatif des déplacements des Fous de Bassan en période migratoire, et donc en parallèle la propagation de la grippe aviaire.
Ils se reproduisent dans des colonies denses, de la Norvège en passant par les îles britanniques et Anglo-Normandes, l’Islande et même une colonie en France.🌎
Mais que font ces oiseaux après la reproduction ?
Ils migrent ! On l’appelle la migration postnuptiale. Et certains (plusieurs milliers tout de même) viennent dans le golfe de Gascogne et d’autres continuent leur route sur l’Atlantique jusqu’au large de l’Afrique.
On nous accuse de faire paniquer tout le monde ? Non.
Nous sommes juste réalistes. Pourquoi en Angleterre, en Irlande, en Bretagne et même en Espagne les individus analysés sont tous morts de la grippe aviaire ?
Et cela n’arrivera pas en Nouvelle Aquitaine et sur le littoral aquitain ?
Depuis 20 ans, nous tenons des statistiques sur toutes les entrées et sorties de notre centre. En temps normal, c’est moins d’une dizaine arrivant sur la période du mois d’août.
Cette année, juste sur ce mois d’été, nous pouvons compter 26 individus accueillis avec beaucoup d’adultes.
Si nous avions continué de les accueillir, la grippe aviaire se serait déclarée sur le centre de soins.
Ensuite, nous aurions été accusés de ne pas être sérieux en temps de crise sanitaire et de répandre la maladie sur le territoire.
Nous ne voulions pas faire courir de risques aux autres populations d’oiseaux sauvages en déplaçant des oiseaux contaminés. Il est très dur pour notre équipe de refuser des animaux en soins. Cette situation est désolante et nous affecte au plus au point, la mission principale du centre reste de soigner la faune sauvage, nous devons faire tout l’inverse.
Mais aussi, comment ne pas penser à nos éleveurs, exploitants et autres travailleurs en contact avec la faune ?
Ils se battent pour ne pas se faire écraser par l’élevage industriel et continuer sur du plein air dans le respect et pour protéger des races locales domestiques bien parties pour totalement disparaître.
Nous avons aussi une pensée pour les agents de l’OFB et d’autres structures, qui se retrouvent en première ligne avec des moyens insuffisants, des effectifs réduits et des missions de plus en plus nombreuses.
La vraie raison de notre colère est le manque d’analyse de la situation depuis une longue durée.
Notre colère vient du fait que la situation soit gérée sans réel plan d’action, du manque d’écoute à notre encontre et de se retrouver au pied du mur.
On peut rajouter à la liste les beaux discours, un manque d’anticipation sur ce type de crise qui peut être gérée en partie en amont sur le littoral aquitain quand on observe la propagation de la maladie. Les données sur les migrations, les données des stationnements en fonction du mois ne servent pas uniquement à remplir des cartes dans les livres. Il faut avoir une vision globale du problème.
Maintenant, que faisons-nous ?
Qui s’occupe des animaux morts ?
Qui s’occupe d’abréger les souffrances des oiseaux mourants ?
Quelles sont les filières pour enlever des animaux morts contagieux ?
Quels sont les moyens alloués aux centres de soins pour faire face ?
Pour l’instant aucun.
Pendant combien de temps les centres de soins ne seront pas pris au sérieux ?
Pendant combien de temps, regarderons nous disparaitre la biodiversité sans rien faire ?
Merci de votre lecture.
Milesker