Relâché de Vautours fauves au mont Artzamendi

Comme vous le savez, et même si certains spécialistes en doutent encore un peu, Hegalaldia œuvre dans le sauvetage, le soin et la réhabilitation des animaux sauvages, et plus particulièrement des rapaces nécrophages (Vautours fauves, Vautours percnoptère et Gypaètes barbus).
Et comme dans ce bas monde, il faut produire des synthèses et publications pour exister et être reconnu… ce qui demande un temps que nous n’avons pas. Notre place se trouve plus dans l’action que devant un ordinateur.

Mais comme nous tenions à faire taire quelques mauvaises langues sur nos capacités à soigner ces espèces particulières, nous avons pris un peu de temps pour faire parler les chiffres de ces 15 dernières années de soins et de réhabilitation des rapaces nécrophages. Ce qui devrait vous donner une petite idée du travail accompli par Hegalaldia. Sur ces 15 dernières années donc :

Les Vautours fauves

701 individus récupérés en détresse de 2003 à 2017.
610 remis en liberté, dont 73 envoyés dans 4 programmes de réintroduction ou renforcement de population de Vautours fauves en Europe (Vercors 2003, Italie 2005, Balkans 2011 et 2017).
84 oiseaux sont morts.
7 ont été confiés à deux parcs zoologiques français (le Bioparc de Doué-la-Fontaine et le Parc Animalier des Pyrénées à Argelès-Gazost), ces oiseaux étant trop handicapés pour être remis dans la nature, leurs progénitures seront cependant réintroduites dans le milieu naturel lors de programmes de réintroduction ou de renforcement de population.

Vautours fauves en volière 

La principale cause d’accueil reste le ramassage des jeunes durant le pic d’activité qui se situe entre fin juillet et fin septembre.
Nous avons tout de même répertorié 52 cas de carence en vitamine B, 6 cas d’ailes éjointées (malformation), 11 cas de tir illégal, 4 électrisations et 26 cas de fractures dues à des chocs.

Les Vautours percnoptères

19 individus récupérés entre 2008 et 2017
15 remis en liberté, plus 1 jeune qui sera relâché en mai 2018.
Un est arrivé mourant par suite d’un empoisonnement au Carbofuran.
2 ont été confiés aux parcs animaliers précédemment cités, s’agissant également d’oiseaux trop handicapés pour être remis en nature. Cette espèce étant en grand danger d’extinction, ces animaux transférés permettront d’avoir des couples reproducteurs en captivité pour des futurs programmes de réintroduction.

Jeune Vautour percnoptère accueilli au centre de soins

Concernant les causes d’accueil, 12 individus étaient des jeunes en difficulté. Nous avons également relevé 2 cas d’empoisonnement, un cas de tir illégal, un cas de dénutrition avancé, une erreur de migration, un individu souffrant de plusieurs fractures et un oiseau pris dans de fortes intempéries.

Les Gypaètes barbus

7 individus accueillis entre 2007 et 2017.
Trois d’entre eux ont été remis en liberté, dont deux qui ont été équipés de balise GPS (Noa en 2007 et Jacques en 2015). Parmi ces trois individus, un a été remis en liberté suite à un problème de patte (entorse), un autre ayant subi un tir illégal, ainsi qu’une collision avec un câble électrique et de multiples perforation abdominales suite à sa chute dans des branchages. Le troisième individu relâché avait été accueilli suite à une mauvaise pose de balise GPS et avait également développé du saturnisme.

4 individus sont morts. 2 individus sont morts à la suite d’un tir, un suite à un staphylocoque doré à une patte et une septicémie généralisée, ainsi qu’un quatrième individu qui avait été trouvé dans un état de maigreur avancé sans raison apparente.
Les individus accueillis étaient exclusivement des adultes.

Jacques et Yaga le jour de leur relâché

4 gypaètes qui ont été accueillis avaient subi à un moment ou un autre un tir. Celui-ci n’ayant pas forcément amené tous les oiseaux à la mort, mais ayant participé à l’affaiblissement général de l’animal. Le gypaète étant le rapace nécrophage le plus sensible au saturnisme.

Que pouvons-nous en conclure ?

Que nous faisons et ferons notre maximum pour en sauver encore plus. Et surtout, nous tenons à remercier tous les bénévoles, les vétérinaires, les stagiaires et toutes les personnes qui œuvrent à nos côtés, ainsi que nos partenaires financiers qui nous aident pour le soin et la préservation de ces oiseaux formidables.

Pour conclure, non, nous ne produirons pas de belles publications, non, nous ne ferons de superbes rapports avec reliures. Et oui, nous irons aider nos amis comme nous l’avons déjà fait lorsqu’ils ont un problème avec l’une de ces espèces (comme pour toute les autres). Et oui, nous serons sur le terrain ou dans les infirmeries jusqu’à pas d’heure pour les secourir et les soigner.

En vérité la vraie reconnaissance de notre travail, c’est de les voir reprendre les airs et de se dire : « Un de plus de sauvé… on a bien bossé ! »